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beyondinfinite
14 avril 2008

Fredric Jameson "l'altérité extraterrestre"

Richard Turco me faisait remarquer que le post-modernisme a épuisé la possibilité de la science fiction. Notre système technologique et sociale nous fait vivre au quotidien beaucoup de visions

des auteurs d'anticipation. L'industrie des images injecte dans notre réalité des univers très diverses... Les images épuisent le reste d'utopie possible...

Comment réinjecter de nouveaux horizons la thèse de Richard Turco est concomitante à celle de Fredric Jameson, le langage est au coeur de ce renouvellement, Ludwig Wittegenstein l'avait aussi pressenti en affirmant "que le monde est tout ce que l'on peut dire" (citation approximative quand j'aurai le temps je verrouillerait la citation)

C'est à dire qu'il faut les mots et les concepts pour décrire les choses.

Le saut conceptuel que l'on fait quand on comprend ce qu'est un ensemble transfini permet de décrire une nouvelle forme du monde...

J'oserai penser paradoxalement, ce n'est pas nos yeux qui éclairent la scène comme le pensait ristote mais nos concepts. Par conséquent notre prochaine évolution aura avoir le langage...

Modifications modales, abandon de la pensée duale et plein de propriétés que l'on imagine facilement en mathématique...

Dans le texte ci-dessous Fredric Jameson montre comment le langage est notre prochain horizon





La nature électromagnétique du langage des extraterrestres, ou du moins de leur sensibilité, ainsi que sa connaissance du climat instable de Sigma Draconis III, permettent à Ian de conjecturer que les habitants de cette planète s'intéressaient de près au passage des orages électriques, et ainsi d'affiner sa Grande Déduction de la fonction de l'objet mystérieux eu question (il s'agit d'un baromètre). De cette résolution découle ensuite le problème, pour nous encore plus difficile, de la nature des cristaux, dont on pense qu'ils sont une forme d'écriture, mais surtout la raison de l'extinction de la civilisation extraterrestre.

C'est cette seconde énigme qui fait l'intérêt immédiat de la belle fable mélancolique qu'est Éclipse totale, allégorique à chaque niveau de sa « double inscription » : l'histoire reconstituée de l'extinction pose lit question : «la même chose [l'extinction] va-t-elle nous arriver ?" , tandis que l'histoire de sa reconstruction pose la question allégorique bien différente de notre capacité à comprendre la différence radicale, qu'il s'agisse de la différence de cette civilisation extraterrestre ou de celle de l'utopie elle-même. La première question se trouve redoublée dans l'ouvrage, car la Terre, dont sont issus les archéologues-explorateurs, est dévastée par la guerre atomique et la famine (et malheureusement elle ne dispose pas d'ansible), ce qui met donc en péril la survie de la race humaine de Sigma Draconis III.

La plupart des Grandes Déductions de la SF font l'impasse sur les dilemmes linguistiques — qui impliquent pourtant une dimension plus gigantesque encore que l'invention d'un autre monde, à savoir l'invention d'un autre langage, et d'un langage non humain -, soit en omettant les complexités des catégories linguistiques, soit en faisant apprendre l'anglais aux extraterrestres (ainsi dans La Paille dans l'œil de Dieu) La résolution de Ian Macauley implique une méthode assez différente et non linguistique, qui nous ramène au XIXe siècle, et aux fondamentaux sur l'historiographie et sur les formes proprement historiques du comprendre. La distinction de Dilthey entre Erklàren et Verstehen, ou entre expliquer et comprendre, est ici particulièrement pertinente : deux modes de pensée qui distinguaient les procédures des sciences dures ou naturelles de celles des Geisteswissenschaften (terme imparfaitement traduit par «sciences humaines»). Il s'agit d'une reprise du grand principe de Vico — le verum factum — selon lequel ne pouvons vraiment comprendre que ce que nous avons fait -mêmes, c'est-à-dire l'histoire ; mais non pas ce que Dieu a créé, non pas la nature. La distinction de Dilthey complète celle de Vico en stipulant que si nous pouvons formuler des lois de la nature (en d’autres termes, expliquer sa dynamique et ses opérations), nous ne pouvons pas comprendre ces opérations comme nous comprenons les êtres humains, leurs actes et leurs motivations, et même les is historiques dont ils sont la cause.

Pourtant il y a là une autre prémisse, qui concerne la manière dont pouvons « comprendre » les autres. L'« empathie » {Einfiihlung), à la fin du XIX' siècle, préciser la notion bien plus ancienne de sympathie, qui nomme et conceptualise notre capacité à « nous mettre place d'autrui ». D'après Dilthey, cette capacité nous vient de culturels de lecture mais surtout de l'expressivité, qui constitue une espèce de réceptacle dans lequel notre sympathie pour l'autre peut verser et se cristalliser. La fascination à l'égard de la diversité des expressions faciales et de la gestuelle n'a pas commencé avec le grand compendium qu'en a donné Darwin, et elle n'a pas pris fin avec la de l'émotion dite « de James-Lange » (qui pose un primat de pression » physiologique sur son expérience vécue). Les théories les de la communication ne sont sans nul doute que des

manières de raffiner cette conception essentiellement humaniste des relations interpersonnelles, qui échoue nécessairement face à la pure altérité et au problème du radicalement extraterrestre.

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