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beyondinfinite
11 janvier 2009

Faut-il se garder d'esthétiser le réel ?

Merci pour le lien sur les utopies réalisables...

j'ai l'impression que Yona Friedman reste toujours sur une idée politique de l'utopie...
finalement cela reste un programme de gauche plus ou moins libertaire et social.
néanmoins je souhaite faire un certain nombres de réserve quand à cette forme d'utopie
Fredric Jameson dans l'archéologie du futur acte l'échec de l'utopie comme forme de l'eschatologie marxisme de l'avènement d'un monde juste, rationnel et humain.
L'échec des utopies du XXe siècle ne nie pas la possibilité de l'utopie, la réponse apparait dans la littérature d'antcipation qui multiplie les utopies possibles. La reprise du concept dans la philosophie analytique dégage l'idée de son substrat des philosophies des lumières pour laisser place à une pensée de l'immanence du genre humain.
Il n'y a plus la possibilité d'un programme transcendant (Friedrich Nietzsche) et la liberté du genre humain s'exprime dans sa complexité et dans la multiplicité.
C'est ainsi que la philosophie analytique vient à la rescousse en élaborant l'étude des mondes possibles (David kellog Lewis) mais aussi Ludwig Wittgenstein en son temps. Laissant à la métaphysique un champ libre car elle relève des choses indécidables.
C'est pour cela que je remarque dans l'intention de Yona Friedman un substrat idéologique positif qui en fait bien plus un programme qu'une utopie...
Par ailleurs le titre en soi, oxymore de l'utopie (utopie réalisable) dès lors qu'on décide qu'elle soit réalisable.. Elle perd ainsi sa liberté car s'effondrant dans les contradictions programmatiques...
Je persiste à croire que l'utopie est une production de l'esprit, relevant du noumène bien plus que du programme politique.

Et enfin je reste sceptique quant aux utopies faites d'aphorismes, de ressentis ; nous savons que celles du XXe siècle qui ont aboutis , ont généralement produit des expériences difficiles. Seules les formes littéraires ont produit de la liberté car elles sont soumises au débat et produisent des formes abstraites. (avec une réserve pour Ron Hubbard) Par ailleurs je m'interrogerais sur les utopies artistiques et leurs intentions en évoquant les pires utopies du XXe siècle qui ont été produites par un peintre raté et un séminariste relapse. Faut-il se garder d'esthétiser le réel ?

A partir du programme de Yona Friedman ne serait il pas utile de réévaluer comme a pu le faire Fredric Jameson les conditions de l'Utopie au XXIe siècle ?

Cette réévaluation pourrait se faire un confrontant trois courant utopiques , celui des urbanistes, architectes ( Friedman, Schoeffer, Le Corbusier, Frank Lloyd Wright, François Roche), celui des politiques (Trotsky, Gramsci) et enfin celui des auteurs de sciences fictions ( Spinrad, Hubbard (malgré tout), Van Vogt, Heinlein, Harrison, Ballard et PH Dick)...

On comprend rapidement à la mesure des périodes historiques qu'il existe des utopies modernes et des utopies post-modernes qui aboutissent aux dystopies et uchronies.
L'effondrement des programmes politiques libertaires et de gauches (Printemps de Prague, désunion des étudiants et des ouvriers en 1968, effondrement du Flower Power, le meurtre de Sharon Tate par la secte Charles Manson, crise pétrolière de 1973) sont autant de symptômes des échecs des programmes de sociétés quelques soient leurs idéologies. C'est l'apparition de la complexité comme forme de philosophie politique.

Le Post modernisme apparaissant d'abord dans les arts va contaminer les médias en y trouvant la structure temporelle idéale (dictature du présent), relativisition générale des évènements et sujets, et enfin pour devenir une doctrine de gouvernance... (Mitterrand élus en 1981 avec l'aide de Jacques Séguela et des premiers "spin doctors".

C'est à cette époque que la science fiction devient un genre fréquentable (d'un point de vue littéraire et social)...

Si l'on ne peut plus rêver le monde on rêvera des mondes... C'est l'immense possible du post modernisme qui renvoie l'être humain à son immanence et à une immense solitude. C'en est fini des programmes utopistes à la façon des modernistes. Le monde est tel que, fabriqué dans sa complexité, l'ontologie et la métaphysique se réduisant aux mécanismes des échanges économique et des programmes libéraux.

C'est ainsi que notre génération ressent le besoin de rejouer la nécessité d'un monde autre, voir celle d'un monde meilleur. Mais l'intention porte en soi les stigmates de l'échec, désarticulant le souhait, la vision d'une réalité beaucoup plus vaste et insaisissable dans sa globalité. C'est cette asymptôte, quand le réel fuit derrière les horizons intellectuels et perceptifs qui rend l'utopie en soi irréalisable, car cette réalité dans sa complexité confrontée au monde nouménal devient la forme possible d'une réflexion intégrale sur le monde,
se débarrassant des voiles utopiques. C'est ainsi que lorsqu'un artiste du XXIe siècle revendique l'utopie,
il néglige la transition post moderne et les explorations faites sur les mondes possibles.

Cette transition paraîtrait incompréhensible si l'on en prend pas en compte la rupture anthropologique à l'oeuvre produite par les outils numériques et la globalisation de la connaissance et des échanges.

Nous sommes probablement au temps des mondes possibles et des dystopies....

L'utopie ne peut plus s'envisager comme un programme, mais comme une possibilité d'une infinité de possibilités qui se multiplie à chaque instant que le monde produit du possible.
Je me souviens d'un artiste qui montrait du doigt ceux qui se posaient des questions sur les modalités de ses oukases politico-esthétiques, le doute devenant la parole de la trahison à ses yeux. Il avait compris que la complexité à l'oeuvre met en question toute sa réalité et l'édifice sur lequel il construit sa renommée.
Comme dans tout système totalitaire et utopique il n'est pas le bienvenu de semer le doute.

C'est ainsi que la politique, le réel et l'esthétique s'associent difficilement dans une dispositif cohérent et efficace.

je recommande la vision du film d'animation

"la grande arnaca" sur une nouvelle de JG Ballard,  c'est un dystopie efficace.

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